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Le plus sauvage des géraniums

Cousin des pélargoniums, le géranium herbe à Robert se reconnaît à ses tiges qui rougissent à l’automne et à ses fruits à l’allure de becs de cigogne.


Pourquoi, en Suisse, accroche-t-on des géraniums aux fenêtres des fermes? Parce que c’est joli, mais surtout très utile. Ces plantes dégagent une odeur qui repousse les insectes, tout particulièrement les mouches, abondantes à proximité des bovins. Pour une certaine efficacité, il faudra veiller à opter pour des variétés à petites fleurs, plus odorantes, comme le géranium citronnelle. Les pélargoniums, de leur nom scientifique, permettent ainsi de joindre l’utile à l’esthétique. Il n’en fallait pas plus pour que ces ornementales, bien qu’originaires d’Afrique du Sud, deviennent emblématiques de la Suisse!


L'herbe à Robert est la vedette d'un livre jeunesse de la collection "Le petit druide", publié par les Editions du Bois Carré.


Leur cousin sauvage, le géranium herbe à Robert (Geranium robertanium), dégage lui aussi une odeur marquée lorsqu’on frotte ses feuilles découpées. Jugez plutôt: d’aucuns la rapprochent de celle de l’urine d’une personne qui a mangé des asperges... La légende veut que Carl von Linné, le grand botaniste suédois, l’ait dédié à son ami Robert, qui sentait la transpiration. On raconte aussi que le nom de ce géranium proviendrait de saint Robert, qui vécut au VIIIe siècle. L’évêque de Salzbourg aurait été le premier à révéler les propriétés médicinales de cette plante aux délicats pétales roses, qu’il jugeait efficace contre les hémorragies, les contusions et les maladies rénales. La piste étymologique semble la plus sérieuse: Robert viendrait du latin ruber, rouge, et ferait référence à la couleur des tiges de la plante et des feuilles, qui s’empourprent à l’arrivée de l’automne.


Voilà de quoi se perdre en conjecture! Ce qui est en revanche certain, c’est que le terme de géranium vient du grec geranion, qui signifie grue. A maturité, la forme du fruit de l’herbe à Robert fait penser au bec du grand échassier. La plante est aussi surnommée bec de cigogne. Une appellation vernaculaire qui permet de se souvenir d’une de ses vertus thérapeutiques: selon l’usage populaire, l’herbe à Robert favorise la fécondité. Autrefois, la plante était fourragée aux génisses qui peinaient à porter. Aujourd’hui, en herboristerie, on la conseille aux couples qui rencontrent des problèmes de fertilité. Il n’est pas rare qu’ils reçoivent, après quelques mois de traitement, la visite de la cigogne.


Pour calmer le psoriasis

Le géranium herbe à Robert n’est pas difficile: il s’accommode de tous les milieux et pousse aussi bien dans les friches et les forêts, que sur les bords des chemins et en ville. Ce qui rend sa cueillette aisée lors de traitement contre le psoriasis. Cette pathologie chronique de la peau, qui se caractérise par l’apparition de plaques sèches et irritantes, pourra être atténuée par des bains additionnés d’une décoction d’herbe à Robert. On fera cuire une brassée de plantes fraîches ou une grosse poignée de l’herbe séchée dans un demi-litre d’eau. Il faudra partir à froid, porter à ébullition et laisser infuser cinq minutes, puis filtrer et ajouter à l’eau du bain. A raison de trois à quatre immersions hebdomadaires, les «poussées» typiques des maladies inflammatoires de la peau pourront être ainsi soulagées.


Ce texte a été publié dans le magazine Côté Nature (automne 2022) - vers l'article en ligne

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